Wednesday, June 4, 2008

"Boliloc"


You won’t find the meaning in the dictionary or even in the show of the same by Philippe Genty. “Boliloc” is an imaginary trip through time, space, memory and even the human body, meeting creatures both grotesque and fanciful, in cosmic, organic and fantastic settings. Ostensibly the story of a ventriloquist put to the test by her rebellious dummies, the show leaves the door wide open to individual interpretation. So it is with Genty, the French puppeteer famous the world over for magical, mind-bending quests in search of his multiple selves. As in shows like “Voyageur immobile” and “Passagers clandestins” (1995-1999), developing the theme of the interior voyage, he places the unconscious at the heart of all of his work. His explorations can make for dumbfounding, enchanting spectacles. In “Boliloc” however, Genty fails to excite; except for a burlesque strain developed with Belgian actor Christian Hecq, the piece brings little that is new to a familiar vocabulary of dance, marionettes, acrobatics and set design, developed over the past 30 years. Still, some nice images and enough wonders to please neophytes.

To June 29, Tues-Sat, 8:30 pm, Sun, 3 pm (no show June 8), Théâtre du Rond-Point, 2 bis, avenue Franklin D. Roosevelt, 8e, Mº Franklin D. Roosevelt, 16,50€-33€, tel: 01.44.95.98.21.

Photo Credit: Pascal François

Wednesday, May 28, 2008

"La Théorie de l'Echec"



Le spectateur de la pièce “La Théorie de l’échec” a l’impression d’avoir découvert un nouveau talent. Hichem Djemaï, étudiant en histoire à Paris X-Nanterre, est l’auteur de ces scènes drôles, touchantes, acerbes parfois, dans lesquelles une petite bande d’amis réunis autour d’un banc de jardin nous émeuvent sur leur quotidien : banale et décevant à leurs yeux, mais colorié par tant d’espoir et délavé par autant d’échecs. Les textes sont le fruit d’une Option théâtre au Lycée Joliot Curie de Nanterre en 2004-05, sous la direction d’Élodie Chanut, qui les met en scène aujourd’hui au Théâtre des Amandiers. Il y a Idriss, le meneur du bal, confiant et rieur ; Malik, qui plaque sa petite amie parisienne parce qu’il a le sentiment désagréable de « jouer un jeu » quand il est avec elle; Walid, collégien qui veut faire comme les grands mais dont le rap finit par forcer l'admiration de tous; Morgane, une « gothique » qui se passionne pour Racine… On parle profs et meufs, ciné et cité, boîte de nuit et carte d’électeur… Ils sont vrais, débordent de vitalité et de projets, se font piéger par leurs faiblesses et leurs peurs. Bien que la pièce dépeigne une certaine tranquillité qui serait plus caractéristique de Nanterre que d’autres communes plus sensibles, dans le « 9-3 » par exemple, le langage de Djemaï, sa musicalité comme sa « muscle », et un formidable jeu d’acteurs nous font découvrir la banlieue loin des clichés et des violences gratuites.

Jusqu’au 7 juin, mardi-samedi 21h, représentations supplémentaires les 29 et 30 mai, 3, 5 et 6 juin, à 15h, Théâtre Nanterre-Amandiers, 7 avenue Pablo Picasso, Nanterre (92), RER A Nanterre Préfecture + navette, 10€-24€, tél : 01. 46.14.70.00.

Visionner un extrait vidéo de la pièce en suivant ce lien:
http://109.2.nanterre.net/index.php?2006/11/21/66-hichem-djemai-la-theorie-de-lechec

Read this article in English by following this link:
www.parisvoice.com/index.php?option=com_content&task=view&id=521&Itemid=35

Thursday, April 17, 2008

"Amour"


Qu’est-ce qu’il y a d’ « Amour » dans le spectacle du même nom, l’adaptation du roman « Amour, Colère, Folie » (1969) de Marie Vieux-Chauvet ? Passion, haine, peur, certes ; mais d’amour, très peu. Il est pourtant dans son absence notoire que réside toute la force de cette œuvre maîtresse de la littérature haïtienne, écrite pendant les années noires de la dictature duvaliérienne. Scabreux pour l'époque, le roman fut censuré par la famille de l’auteur, ainsi provoquant l’exil de Marie Vieux et la divorce du couple Chauvet, pour avoir osé relater l’histoire d’une « vieille fille », Claire, l’ainée des sœurs Clamont, qui manoeuvre ses cadettes comme autant de pions dans l’espoir de calmer le feu qui risque de les consumer toutes depuis que le beau Jean-Luz s’est installé sous leur toit. Or, ce n’est pas sur Claire que l’employé français de l’Import-Export Corporation a jeté son dévolu, d’où cet étrange « Amour » qui se découvre aussi machiavélique qu’intempestif.

L’adaptation signée par José Pliya, dramaturge franco-béninois et l’actuel directeur de l’Artchipel, Scène nationale de la Guadéloupe, ainsi que la mise en scène de Vincent Goethals, rendent un bel hommage à l’esprit révolté du texte de Vieux-Chauvet, donnant libre cours aux fantasmes de Claire tout en l’emprisonnant derrière ses persiennes, victime des préjugés (elle est plus noire de peau que les autres membres de la famille) et des rigidités de sa classe (qui la destine à veiller sur ses soeurs à la place de la mère défunte). L’éternel témoin du bonheur des autres qu’elle ne peut pas partager, Claire ne se résigne pourtant pas à l’effacement, ni à l’oubli : si c’est Félicia qui se trouve enceinte de Jean à « sa » place, c’est elle qui jouera l’épouse dévoyée pendant la convalescence de la jeune maman, attirant le mari comblé sur son propre lit pour jouer avec l’enfant, dont elle a fait installer le berceau dans sa chambre en prenant bien soin de ranger ses cartes postales pornographiques...

L’intimité inviolable de Claire se juxtapose aux images d’époque de Port-au-Prince (marchés, palais national, cathédrale), projetées sur un écran serpentin et modulable selon l’humour de Claire et devant lequel un jeune homme habillé alternativement en costume noir et caleçon blanc exécutera de temps à autre des pas de danse saccadés, disloqués presque : le pantin du rut inassouvi de Claire ou bien son propre double. Lorsque « l’amour » rancit pour se distiller enfin en rage, Claire prend le micro pour hurler son dépit, sa frustration et sa passion, qu’elle ne trouvera jamais le courage de déclarer à Jean, ainsi que sa peur des Tonton-Macoutes qui guettent une brèche dans la façade de la « vieille-fille » en dentelle pour lui faire avouer des histoires de famille, enterrées jusque-là. La pièce s’achève sur fond de révolution populaire, dont l’ambiance générale sera enfin digne des passions que vit Claire depuis de longues années dans la solitude de sa chambre et d’un sexe resté vierge trop longtemps.

Magali Comeau Denis donne une interprétation magistrale dans le rôle de Claire , la rendant aussi attachante qu’amère, nous entraînant avec autant de finesse que de brusquerie dans les tourments de Claire, à l’image de la sœur ignorée qui se finit la maîtresse d’un jeu qui faillit lui échapper pour de bon. José Pliya décrit le roman de Vieux-Chauvet comme « une grande œuvre chorale et intimiste » : c’est en jouant sur ces contrastes que la pièce trouve son équilibre et sa force.

Jusqu’au 19 avril, 20h, Tarmac de la Villette, Parc de la Villette (derrière la Grande Halle), 19e, M° Porte de Pantin, tél : 01.40.03.93.95.

Crédit photo: Eric Legrand

Wednesday, February 20, 2008

La France de Mohamed Rouabhi


Mohamed Rouabhi a un sens inné de l’ironie. “Fils d’indigènes” selon sa propre formule, qui a vu le jour dans cette France des Trente glorieuses, construite en grande partie par des milliers d’immigrants qui ont eu droit à peu de splendeurs dans les mines et les baraques surpeuplés, Rouabhi a tout lu, tout entendu et tout enregistré surtout, des comportements politiques et sociaux du « pays des droits de l’homme » envers ceux qui ont eu la maladresse de ne pas y naître Français. « Vive la France ! », la pièce qu’il a écrite et mise en scène avec sa jeune compagnie Les Acharnés, n’exprime pas tant la dérision qu’elle frôle l’absurde dans son savant montage de films documentaires, cinéma, musique de variétés et rap, vidéo clandestin, publicités et discours politiques des cent dernières années en France. Rien ne lui échappe ; tout y passe : Exposition coloniale et tirailleurs sénégalais ; CRS et HLMs ; Annie Cordy et la Marianne, Aimé Césaire et Harry Roselmack, Carrefour et France 3; émeutes et brutalités policières ; Nicolas Sarkozy et Marine Le Pen… L’ironie est à son comble dans des séquences évoquant en les juxtaposant les fantasmes, les idéaux et la réalité de la société française contemporaine : à titre d’exemple, un extrait vidéo filmé en cachette montrant le tabassage d’un jeune par la police, suivi d’une déclaration d’amour aux forces de l’ordre, sur une mélodie pop des années 1970 (« Moi j'aime un galonné / Des Compagnies Républicaines de Sécurité / Et quand je suis entre ses bras rien ne peut m'arriver / Il est doux comme un agneau… »).

Le spectacle, qui prend néanmoins des longueurs pas tout à fait justifiées, fonctionne à la fois comme une machine à remonter le temps de l’Empire colonial, de l’Algérie en Indochine en passant par les Antilles, tout comme il entame une mûre réflexion sur les préjugés, les peurs et les stéréotypes qui définissent encore l’espace et l’identité octroyés par la France à ses citoyens black et beur. Or, pour Rouabhi, qui dit ne s’être jamais intéressé à l’histoire de France enseignée à l’école et qui aurait reçu l’inspiration d’écrire la pièce à l’époque où il habitait le dernier foyer Sonacotra en Ile de France, c’est marqué du sceaux indélébile du mépris – celui qui peut « laisser sans voix » l’objet de son dédain - que la pièce hurle son désarroi et sa colère. D’où l’importance de ce spectacle qui essaie, par une multitude de voix et de voies, de détruire le silence qui pèse encore sur l’époque coloniale et l’immigration en France, parce que « le mépris pour notre histoire, sera toujours un mépris pour nous-mêmes ».

Le projet de Rouabhi dépasse largement une simple esthétique théâtrale pour provoquer un sursaut collectif. Selon l’auteur, dans cette pièce (sa quinzième à ce jour), « il n’est plus question de reconnaissance. Il s’agit de faire appliquer les lois et d’en exiger d’autres. Il s’agit de mettre côte à côte tous les Français et de constater, malgré les apparences, que la seule chose qu’ils ont en commun aujourd’hui, c’est d’être français et qu’être français, ce n’est plus appartenir à une quelconque idée de la France, mais à une réalité : l’héritage de 150 années de colonialisme et d’émigration. »

« Vive la France ! » alors ; sur une entraînante musique rap chantée par quatre « jeunes des banlieues » transformés en loyaux soldats de la Mère-Patrie, la pièce de Rouabhi prend tout son sens : Vive la France à nous tous, celle qui revendique une devise célèbre qu’elle pourrait appliquer à tous ses enfants, irrespectueusement de la couleur de leur peau, si seulement elle se trouvait le fibre moral de le faire.

Jusqu’au 1er mars 2008
, du mardi au samedi à 20h, dimanche à 16h, Théâtre Gérard Philippe, 59 Boulevard Jules Guesde, Saint-Denis (93), Mº Saint-Denis Basilique/RER D Saint-Denis, 10€-20€, info/réservations :
 01 48 13 70 00.

Photo credit: Bellamy

See www.parisvoice.com for this review in English

Monday, February 11, 2008

The world as we know it?


“In the world” is the at first elliptical, then devastating title of the newest play in Joël Pommerat’s trilogy now on in Gennevilliers : if it is possible to approach the piece wondering what place the playwright has in mind (the world of…?), it becomes disturbingly evident before long that it is the world we live in, as the privileged inhabitants of a wealthy and stable European country. A world run by a mysteriously busy, nearly invisible management, in dark suits and high heels, whose men captain business and industry as calmly as they brush their teeth, and whose women offer themselves as entertainment on TV every night with the same unfailingly cheerful songs. The world of the ruling class, and as such “Au monde” makes an illuminating counterpoint to the aspirations and concerns of the working class explored in another play of the trilogy, “Les Marchands” (see review on www.parisvoice.com). But what is wrong with this place?

As always in Pommerat’s theater, the signs are clearly posted, indicating a massive social breakdown, but no solutions : emotional sterility, merciless market forces, families who amount to nothing greater than a group of people living under the same roof, children who serve as interior ornamentation for preoccupied parents… As in other works also, the almost brutal force of the message holds a mesmerizing power by the nature of its smooth delivery, in a monochromatic palette punctuated by stark bands of light, and with the familiar audio cues of TV, radio and advertising. Rather than forcing us to avert our gaze, Pommerat commands our attention.

Against just such a desolate, muted and apparently “normal” landscape for its inhabitants, (here, some kind of vast family-owned and operated international conglomerate responsible, we are told, for the fortunes of countless people around the world), the play engages a debate on the nature of happiness, in the tension between two characters. If both can agree (oddly, under the circumstances, and in contrast to the work ethic of the working class of “Les Marchands”) that this begins with freedom from employment, they disagree on how this social revolution may come about. For the one, pure human energy will render work unnecessary by creating everything man needs to live through a process of combustion. For the other, a hysteria of production and consumer purchasing will inevitably lead to a point where no more goods need to be produced, and all may retire. Their fantastical musings coalesce around the homecoming of the one character who has a handle on reality, a brother who resigns a promising career in the military to quietly perform some as yet unknown, “profound” act. But Pommerat’s social vision is pitiless, and the brother is swallowed up by the same lurking malaise, a kind of implacable, malign force that manifests itself in the presence of a roaming serial killer and the unnervingly amplified footsteps and haunting dreams of his fellow family members. The play ends with the inevitable news that, after having mysteriously lost his sight, he has succumbed to the wishes of his father to take over the family business. And so the blind are led by the blind...

With this trilogy, which also includes “D’une seule main”, Pommerat signs a blisteringly bleak social critique, masterfully interpreted by the Compagnie Louis Brouillard. The fact that Pommerat is one of the few important French directors to also regularly apply his skills to children’s theater (“Le Petit chaperon rouge”, currently touring in the Paris area, and the new “Pinnochio” at the Théâtre de l’Odéon in March), speaks for his pedagogical intentions. His lessons are not easily assimilated but deserve our attention, for the strength of their convictions and the art and passion with which these are conveyed.

“La trilogie de Joël Pommerat”, to Feb. 17, see website for exact dates and times: www.theatre2gennevilliers.com, 41 avenue des Grésillons, Gennevilliers (92), Mº Gennevilliers-Gabriel Péri, 8€-22€, tel: 01.41.32.26.10.

Photo Credit: Elisabeth Carecchio

Monday, January 28, 2008

Footsbarn, or the Problem of Itinerancy


For the ancient Greeks, drama was synonymous with the vast ampitheaters in which their tragedies and comedies were played out, and to which Western theater remains faithful, from stage and proscenium to orchestra and seating. Since at least the Middle Ages in Europe, however, companies themselves have long been lured by the open road, to go in search of audiences and to entertain them with their stories. This tension between theater’s nomadic and sedentary forms continues today, according to a debate organized this past weekend by the magazine “Cassandre/Horschamp” devoted to the state of contemporary traveling theater, on the occasion of the presence of the Footsbarn Theater at the Cartoucherie (Bois de Vincennes).

Footsbarn is a long-standing practitioner of the genre, with 37 years of travels and encounters and over 50 shows to its credit. Founded in Cornwall, England, the company works since 1990 out of a semi-permanent base in the Auvergne region of France. Alternating periods of on-site work with touring, the company is perhaps not so different from others, except that Footsbarn travels by caravan, performs under its own tent, and by nature of its traveling ethic, is consequently subject to the dangers and laws of life on the road.

According to the panel assembled for the debate, which included Fabien Granier of Footsbarn and Alexandre Romanès of the Cirque Romanès, traveling theater is an endangered species in Europe and particularly in France, where the accumulation of often contradictory legislation, coupled with considerable fear of “gypsies” and their mobile homes generally, conspire against companies who aspire to live and perform wherever the road leads them. Whereas Granier noted the “pressure” the company is constantly under to “come inside” established theaters, Romanès lamented the dilemma companies face to either compromise with the constraints of the existing system or be considered artistic outlaws, in a very real legislative sense. As the writer/researcher Alix de Morant emphasized, traveling theater is first and foremost an “art of transgression” beginning with the very borders of individual identities, for the itinerant performer who goes in search of the “other” every day, even when those others may be afraid to welcome him into their presence. Added to these potential sources of insecurity are the real costs of operating a traveling company in 2008, from the soaring price of petrol to the ensuing environmental damage in the caravan’s passage. As Sabine Clément, Director of the Centre International du Théâtre Itinérant, confirmed, “Companies set out with far less ease today than ever.”

On the eve of a tour though Britain and Ireland that will occupy the company for most of 2008, Footsbarn has dropped stakes at the Cartoucherie. Although, according to Granier, the company has been invited by the municipality of Vincennes to keep a low profile in its day to day living, one of the most exciting aspects of the company’s presence in the Bois is the opportunity to see up close this vanishing way of life. With their caravan cars neatly lined up, bikes parked outside some, laundry hanging around many, and children playing about, the company is a family and a village to itself, while the brightly painted trucks and tent are a sure invitation to dream of faraway lands. Footsbarn returns here with its most popular show, “A Midsummer Night’s Dream”, tailor-made, it seems, to the company’s colorful, visual, burlesque style of theater, developed through all those years on the road, drawing on a multitude of cultural expressions and integrating dance, circus and mask work. Footsbarn’s current director Paddy Hayter stars as an exaggeratedly buck-toothed Bottom and a silken haired Lysander, both played with great comic aplomb.
To judge from the company’s energy and enthusiasm (and with a median age well above 40, the troupe is no longer particularly young), Footsbarn has a long life ahead of it. If laws are made to be broken, Footsbarn is set to break a few more before it goes unquietly into retirement.
“A Midsummer Night’s Dream” (in English), to Feb. 3, Wed-Sat, 8:45 pm, Sun, 5 pm, Cartoucherie de Vincennes, Route de la Pyramide, 12e, Mº Château de Vincennes + Cartoucherie shuttlebus, 12€-25€, reservations FNAC or tel: 01.43.74.20.21.

Photo Credit: Footsbarn

Thursday, January 24, 2008

Mittérand et Sankara


“Françafrique”: the term denotes everything rotten about Franco-African relations in the decades following independence in France’s former colonies: the misappropriation of millions of francs in aid, the creation of a corrupt political class and the awarding of highly advantageous development contracts to French industry and engineering. That the current government under President Nicolas Sarkozy is at the least making noises to distance itself from the policies that were the bread and butter of French-African “cooperation” in the 1960s and 1970s (see the recent tribune published in Le Monde by French Secretary of State for Overseas Development, Jean-Marie Bockel), is testimony to the insidious heritage of French neocolonialism and the enduring power of its reputation even for the French public. That incredible and tortuous history, uniting figures as outwardly diverse as Georges Pompidou and Félix Houphouet-Boigny, Valérie Giscard d’Estaing and Mobutu Sese Seko, has interested writers from Mongo Beti to John Le Carré, and now becomes a piece of theater under the pen of Jacques Jouet.

In “Mittérand et Sankara” however, Jouet proposes a fictional meeting between two heads of state separated by much more than the Sahara : the French president who confided the secret dealings of France’s notorious “African cell” to his son Jean-Christophe (allegedly baptized “Papamadit” by his interlocutors) and the reform-minded leader of Burkina Faso from 1983 to 1987, Thomas Sankara. What indeed could these two have to discuss on the dimly lit terrace of the presidential residence in Ouagadougou? But seek each other out, they apparently did, on several occasions: if youthful idealism must have fascinated the elder statesman, the latter’s political instincts undoubtedly commanded a certain attention in return. The qualities of each are to be measured in the two speeches with which director Jean-Louis Martinelli has framed Jouet’s play : Sankara’s address to the U.N. on December 4, 1984, and Mittérand’s opening remarks at the 16th Summit of French and African Heads of State in 1990. On the one hand : Sankara’s verve and convictions, arguing passionately for the defense by the international community of the rights of the wretched of the earth, even going so far as to demand a reorganization of the U.N. itself to give greater voice to the paternalistically termed “Third World”. On the other : Mittérand’s bold bet (yet to be won) that democracy would and could, with unusually strict French encouragement and means, sweep across Africa as it had done in Eastern Europe.

Imagined by Jouet, a member of the Oulipo group of writers united by a predilection for word play and linguistic jousting via pre-determined and self-imposed compositional constraints, the coming together of these two individuals, however true, is a celebration of verbal oneupsmanship. In “Mittérand et Sankara”, Jouet develops his concept of “simple theater” which prefers the verbal aspects of the art over the visual, translated here into a contest of who, literally, has the strongest tongue : each character, including one representing “Simple Theater” in the flesh, must successfully spit a roasted grain of corn into a gourd at his feet in order to be allowed to speak. The device, while not preventing the characters from delivering the entirety of their respective speeches, nevertheless creates an imbalance of power. On the night I saw the show, “Simple Theater” won hands down, leaving “Sankara” and “Mittérand” (played convincingly by Moussa Sanou and Pierre Hiessler, respectively) to briefly duel it out. The “gallic chicken” (Sankara’s expression) allowed himself a certain number of exceptions to the rule of order (Jouet’s characters are close representations of their real-life counterparts) in order to best his junior, but Sankara, as the loser, had the last word.

As one of postcolonial Africa’s few leaders to place people and country over personal ambition and desire, Sankara was not long for this world. After defending the rights of women, battling corruption and illness and tackling environmental issues like the encroachment of the Sahara Desert, Sankara was no match for a certain “Françafrique” that had him gunned down and replaced by Blaise Campaoré, who remains in the director’s seat of Burkina Faso some 20 years later, with the faithful support of France. If the clash of social ideals and political status quo are the subject of “Mittérand et Sankara”, Martinelli’s idea to end the evening with the famous La Baule speech lends the impression that the French president’s vision for a democratic Africa found its impetus in Sankara’s vision for a socially responsible Burkina Faso that could in turn change the world. Between Jouet’s play and Martinelli’s interpretation, yet two more commentaries on the period face off.

To February 17, Tues-Sat, 9 pm, Sun, 4 pm, Théâtre Nanterre-Amandiers, 7 avenue Pablo Picasso, Nanterre (92), RER A Nanterre-Préfecture + shuttlebus, 12€-24€, tel: 01.46.14.70.00.

Photo Credit: Agathe Poupeney